Mobilier du XXe

L’ART DU XXe SIÈCLE A LA CATHÉDRALE DE CLERMONT-FERRAND

L’art du XXe siècle à la cathédrale de Clermont-Ferrand, c’est

  • le mobilier de la chapelle Saint Jean-Baptiste (chapelle du Saint Sacrement)
  • le mobilier du chœur de Philippe Kaeppelin
  • la statue de Saint Expédit
  • les vitraux des chapelles occidentales
  • le chemin de croix de Noëlle Fabri-Canti

C’est dans le contexte d’après le concile Vatican II (c’est-à-dire après 1965), en raison du changement de liturgie (célébration de l’Eucharistie face aux fidèles) que ce mobilier a été mis en place.

Ce mobilier liturgique nouveau date, ainsi, de la fin des années 1970, tout comme la statue de Saint-Expédit et les vitraux qui ont été installés en 1982 et 1992.

L’ensemble du chœur a été réalisé à la demande du Père Craplet, archiprêtre de la cathédrale pendant 9 ans, à partir de 1974. La chapelle Saint-Jean-Baptiste avait déjà été modifiée par le chanoine Clément.

Photo Bernard Craplet Chapelle Saint-Jean-Baptiste Cathédrale de Clermont, années 70
Photo Bernard Craplet Chapelle Saint-Jean-Baptiste Cathédrale de Clermont, années 70

A         Dans la chapelle Saint Jean-Baptiste :

– l’autel pour célébrer l’Eucharistie face aux fidèles

– le tabernacle : depuis la promulgation de l’Ordo missae de 1969, le tabernacle, qui auparavant se trouvait au sein du maître-autel, peut être détaché de l’autel pour être encastré dans un mur ; comme on n’allait plus utiliser le maître-autel du chœur, il fallait mettre en place un nouveau tabernacle encastré dans un mur ; c’est ce qui a été fait, d’où le nom de chapelle du Saint-Sacrement. Chanoine Craplet (échange de courrier avec Philippe Kaeppelin, conservé aux Archives diocésaines)

 

Photo Bernard Craplet, cathédrale de Clermont, chapelle Saint-Jean-Baptiste modifiée années 70
Photo Bernard Craplet, cathédrale de Clermont, chapelle Saint-Jean-Baptiste modifiée années 70
cathedrale de Clermont ; choeur
cathédrale de Clermont, ambon de Kaeppelin, aigle, photo BruneDD

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cathédrale de Clermont, ambon de Kaeppelin, taureau de saint Luc

L’ambon de Philippe Kaeppelin

 

Lettre du 17 juin 1976 de Philippe Kaeppelin au chanoine Craplet

L’ambon serait en bois, recouvert de plaques de cuivre de 5/10 mm d’épaisseur. Les plaques seraient oxydées en tâches noires et brunes, puis certaines parties seraient dorées à l’électrolyse (une dorure très belle et brunie, c’est-à-dire brillante : ce seraient : la plaque porte-livre, le socle, et les motifs sculptés. Sur la face avant  le socle couvrirait une plaque de forte vissée qui ferait un poids dans le bas. Sur la face arrière, vous m’avez demandé un petit rayon porte-livre. Comme celui-ci serait trop saillant, je trouve que le mieux serait d’avoir une cavitée (sic) dans le corps de l’ambon. Vous verrez cela sur le plan côté ci-joint

            Pour le prix, c’est un travail un peu important. Pour ne pas me tromper, je pense qu’il faudrait compter 12 000 F. car il y a beaucoup de travail à façon, et d’opérations à réaliser. Et il faut que ce soit bien fait…

           

L’ambon fut installé pour le jour de Noël 1976.

La face antérieure de l’ambon figure le tétramorphe, quatre animaux symboliques.

La plupart du temps, les quatre symboles entourent Dieu assis en majesté, dans une mandorle. Ils représentent les quatre vivants de la vision d’Ézéchiel : Ez ; 1, 4-23. Il ouvre son premier chapitre par une vision symbolique de la gloire de Dieu. Dans une nuée de feu, quatre êtres vivants hybrides apparaissent :  lion, taureau, aigle et homme-Ange.

Ces symboles furent attribués  tout d’abord au Christ : « Le premier vivant est semblable à un lion », ce qui renvoie à la royauté ; « le deuxième est semblable à un jeune taureau », ce qui renvoie à sa fonction de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui décrit son Incarnation ; et « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », mention du don de l’Esprit qui vole sur l’Eglise. Mais très tôt dans l’Eglise, on affecta aux évangélistes ces quatre symboles :

Matthieu a pour attribut l’homme, car il commence son évangile par la généalogie du Christ. Le début de l’évangile de Luc fait allusion au sacrifice offert par Zacharie (Luc I, 5) ; or le bœuf est l’animal du sacrifice. Le lion désigne Marc qui, au début de son récit, parle de la voix qui crie dans le désert (Marc I, 3). L’aigle est la figure de Jean, car son texte introduit le lecteur face au Verbe, «la vraie lumière » (Jean I, 1-4) : l’aigle est le seul animal qui a pouvoir de regarder le soleil en face.

Tous les évangélistes tiennent un livre.

Ici l’ordre des évangélistes n’est pas traditionnel : on trouve d’abord l’aigle de saint Jean, puis le lion de saint Marc, le bœuf de saint Luc, puis l’ange de saint Mathieu.

 

© les photos sont de Brune DD

cathédrale de Clermont, ambon de Kaeppelin, lion de saint Marc, photo BruneDD

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cathédrale de Clermont, ambon de Kaeppelin, ange de saint Mathieu
bandeau frise saint Georges, cathédrale de Clermont

La croix du choeur

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Le réaménagement du chœur de la cathédrale après la réforme du concile Vatican II, organisé par le chanoine Bernard Craplet, se poursuivit entre 1976 et 1979.  Il demanda à Philippe Kaeppelin de réaliser une croix en laiton doré, qui fut installée en septembre 1978.

La croix elle-même a deux faces : sur une face se trouve le corps crucifié du Christ, entouré de sa mère et de saint Jean.

La tête du Christ est recouverte d’un linge, qui se poursuit en auréole. Un long périzonium entoure ses reins. La sainte Vierge et saint Jean tiennent tous deux un phylactère. Saint Jean lève la main pour toucher le corps de Christ

Cathédrale de Clermont, Croix de Philippe Kaeppelin
Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin : l'agneau et le livre

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L’autre face montre l’agneau immolé, tenant une croix, et, à ses pieds, le livre aux sept sceaux mentionné dans l’Apocalypse. On retrouve cet agneau dans le vitrail de l’Apocalypse de Makaraviez, créé aussi à l’initiative du chanoine Craplet.

Le fût est très spécial : il est illustré de scènes typologiques, c’est-à-dire d’images de l’Ancien Testament préfigurant la Crucifixion (les « Types »), et le salut qu’elle apporte. Il évoque l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, symbole que reprendra Makaraviez dans le vitrail de la Genèse.

Trois étages de deux images garnissent le tronc de la Croix : l’Eden tout en bas, avec Adam et Eve et le Serpent, le sacrifice d’Abraham et le serpent d’airain, puis Moïse frappant le rocher et la grappe de Canaan tout en haut. Tous ces « types » annoncent les « antitypes » : le nouvel Adam, le Christ, son sacrifice accepté pour sauver les hommes, la croix dressée au Calvaire qui sera le salut pour tous ceux qui la regarde, et enfin l’eau vive du Baptême, et le Vin de l’Eucharistie.

Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin, Adam
Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin, Eve et le serpent
Cathédrale de Clermont, Croix de Kaeppelin, le sacrifice d'Isaac
Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin, le serpent d'airain
Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin, Moïse frappant le rocher
Cathédrale de Clermont, croix de Philippe Kaeppelin, grappe de Canaan
bandeau frise saint Georges, cathédrale de Clermont
Cathédrale de Clermont, station du chemin de Croix de Noëlle Fabri-Canti 1

Cette station représente le reniement du Christ par saint Pierre, quand la servante le désigne comme disciple.  Des personnages célèbres, contemporains de cette œuvre, figurent des acteurs de cette scène : la servante est Jacky Kennedy, veuve du président américain John Fitzgerald Kennedy. Un des gardiens est le musicien Jacques Brel.

Chemin de croix de Noëlle Fabri-Canti

 

Ce chemin de Croix a été installé à la cathédrale en 1975, à l’initiative de l’archiprêtre Antoine Clément. Suite au Concile Vatican II, le clergé a voulu moderniser, et réaménager le mobilier des églises. L’installation de ce chemin de Croix, composé de 16 stations, a fait scandale à l’époque par l’audace des représentations, et le choix des stations. On ignore pourquoi le choix du chanoine Clément s’est porté sur Noëlle Fabri-Canti. Il lui a aussi commandé une crèche.

Ses œuvres sont en  terre cuite.

Biographie de Noëlle Fabri-Canti

Nelly Thérèse Christiane Vérité est née à Tarbes le 25 mai 1916, d’un père industriel originaire de Mouzon (Ardennes) travaillant sans doute dans l’usine d’armement de Tarbes. Elle fit des études de musique (piano), tout en étant élève à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1939 à 1946. Elle épousa à Bastia en 1939 Joseph Fabrikant, peintre, qui prit le nom de José Fabri-Canti (1916-1994). Ce dernier est plus connu qu’elle.

Elle divorça en 1979, et s’établit dans le nord. Elle mourut à Paris le 28 octobre 2007.

Elle travailla surtout comme sculptrice et créchiste. On connaît aussi d’elle une représentation d’une Vierge à l’enfant dans les églises Saint-Albert le Grand, et la Madeleine à Paris. Elle réalisa en 1950 le monument aux morts de Louveciennes.

Plusieurs de ses crèches ont été achetées à Clermont : école de Massillon, Saint-Pierre les Minimes, la Cathédrale.

 

Sources : Dictionnaire Benezit Dictionary of artists

Registre d’Etat civil de Tarbes

Cathédrale de Clermont, station du chemin de Croix de Noëlle Fabri-Canti 2

Cette station représentait les personnages lors de la Résurrection.  Deux stations ont été enlevées lors de la découverte de la baie grillagée en dessous du jacquemart. Comme celle du Christ ressuscité, cette station n’est plus visible, mais on reconnaît sur la photo l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, avec une toque rouge, et sa gauche François Mitterrand.

Cathédrale de Clermont, station du chemin de Croix de Noëlle Fabri-Canti 3

Le Christ, debout, est livré aux moqueries des séides des grands prêtres. Parmi les personnages qui l’insultent, on retrouve Soljenitsyne, et le plus grand personnage est Charles de Gaulle.

Cathédrale de Clermont, crèche de Noëlle Fabri-Canti

Cette crèche, de Noëlle Fabri-Canti, est une des deux crèches de la cathédrale de Clermont. On peut voir Marie, à genoux, saint Joseph avec l’âne, le bœuf, deux bergers, l’un à genoux, l’autre avec un agneau dans les bras. Tous adorent l’enfant couché dans une mangeoire.