Malintrat : église Saint-Pierre

Malintrat, église Saint-Pierre
Malintrat, église Saint-Pierre, plan Bernard Craplet

Le village actuel résulte du dédoublement d’une localité plus ancienne, restée longtemps le chef-lieu de la paroisse et située au sud-ouest. L’église paroissiale Saint-Pierre, à la nomination de l’abbesse de Beaumont, occupait le sommet d’une butte appelée « la Motte » : en mauvais état, elle fut interdite en 1676 et était complètement ruinée en 1738.

Tandis que le cimetière restait en usage, les fonts baptismaux furent alors transférés dans une chapelle attenante au château située dans le village de Malintrat (chapelle Notre-Dame) et reconstruite dans la seconde moitié du XIXe siècle en style néogothique.

Le village de Malintrat était un fort villageois : le noyau du village était un quartier fortifié, composé d’un château seigneurial sur la butte, et de maisons protégées par une enceinte villageoise. Le seigneur possédait également une résidence distincte de son château et située dans l’enceinte villageoise.

L’église actuelle s’élève en bordure de la rue « Sous le Château », dans la partie occidentale de l’enceinte, dont la plus grande partie était au XIXe siècle occupée par des espaces vides de constructions (jardins, cours, et même une vigne).

Voir le livre de Gabriel Fournier : Les villages fortifiés et leur évolution. Contribution à l’histoire du village en Auvergne et sur ses marges, Association des Forts Villageois d’Auvergne, Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, 2014

L’église elle-même est une église construite en 1840, ( plans aux AD63), par l’architecte Mallay. Son intérêt réside dans son mobilier exceptionnel, qui proviendrait selon le tradition d’un monastère de la Limagne (?).

Les hypothèses sont nombreuses… le mobilier est dédié à l’apôtre saint Pierre, et il a été réemployé et complété par un artisan menuisier de talent, qui reste à identifier, mais qui signe J. Manaranche. Les parties du XVIIIe, qui sont somptueuses, garnissent le choeur. Des fragments sont réutilisés dans les deux chapelles latérales, la chapelle de la Vierge, et celle du Sacré-Coeur.

L’église est peinte en trompe-l’œil, et malheureusement la peinture s’abime très vite. La commune a lancé une campagne pour la restauration des vitraux, installés à la fin du XIXe (Thibaud et Champrobert)

Malintrat, église Saint-Pierre, nef
Malintrat, église Saint-Pierre, chapelle de la Vierge
Malintrat, église Saint-Pierre, chapelle du Sacré-Coeur

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Malintrat, église, Vierge à l'enfant

Une Vierge à l’enfant du XIVe se trouve dans le choeur. Elle pourrait provenir du prieuré de Lortige. L’enfant est nu, très petit, et son attitude est vive. Le mauvais repeint explique sans doute la maladresse du visage de la Vierge. Une longue chevelure tombe sur ses épaules. La partie inférieure du manteau de la Vierge, à belles draperies, semble avoir reçu la pluie : était elle sur un trumeau?

Un majestueux lutrin a des parties anciennes réemployées, et complétées par des sculptures sans doute de Manaranche.

Malintrat, église, lutrin
Malintrat, église, cartouche sculpté 1

Deux grands cartouches de style baroque sont accrochés au dessus des lambris sur les deux premiers piliers du choeur. Sur chacun ont été replacés deux angelots sculptés du XVIIIe,  qui soutiennent une partie centrale avec inscription. Les cartouches sont signés « Manaranche J sculp », avec la date de 1874.

Malintrat, église, cartouche sculpté 2

Une curieuse statue de saint Pierre an pape, avec tiare, grande clef, se trouve dans le bas-côté sud. Il est assis sur un trône à très haut dossier baroque. Il ne semble pas d’origine française, peut-être italienne? Manaranche a sculpté pour cette statue un petit retable en bois teinté.

De nombreuses statues du début XIXe garnissent les deux autels latéraux.

Malintrat, statue XIXe sainte Anne
Malintrat, statue XIXe saint oseph
Malintrat, statue XIXe saint Roch
Malintrat, statue saint Antoine XIXe
Malintrat, statue saint Jean-Baptiste XIXe
Malintrat, église, saint Pierre

Deux bustes reliquaires en bois doré sont placés vers le choeur. L’un  contient des reliques non identifiées, l’autre détient des os de saint Bénigne.

Saint Bénigne était cité par Grégoire de Tours dans « La gloire des martyrs » : Bénigne avait subi le martyr à Dijon, où il avait été enseveli dans un sarcophage païen. C’est l’ancêtre de Grégoire de Tours, lui même nommé Grégoire, évêque de Langres, qui reçut la révélation du martyr de saint Bénigne, et qui développa son culte au VIe siècle. Saint Bénigne avait été un disciple de saint Polycarpe, particulièrement fêté à Riom, et avait été longuement martyrisé, et il est traditionnellement figuré avec les principaux instruments de son martyre : des alènes enfoncées sous les ongles, deux lances lui traversant le corps en diagonale et une barre de fer lui fracassant le crâne.

Malintrat, église, reliquaire de saint Bénigne
Malintrat, église, reliquaire de saint Bénigne
Malintrat, église, reliquaire
Malintrat, église, reliquaire

De très nombreuses et remarquables statues du XVe, ou XVIe siècle : saint Antoine, saint Blaise assis, sainte Marie-Madeleine, sainte Marguerite…

On trouve aussi une belle petite ancienne Pieta en pierre, dorée au XIXe

Malintrat, Piéta