Les colonnes de Champeix

Les deux tailloirs des chapiteaux à l’entrée du sanctuaire de l’église de Champeix portent deux noms, qui proviennent du premier Livre des Rois. Le roi Salomon construisit le Temple de Jérusalem, et la Bible rapporte l’histoire de la construction :  1 Rois, 7, 13-21

  •  Le roi Salomon envoya chercher Hiram de Tyr.
  • Fils d’une veuve de la tribu de Nephtali, et d’un homme de Tyr, artisan en bronze, il était rempli de sagesse, d’intelligence et de connaissance pour faire tout travail du bronze.
  • Il moula les deux colonnes de bronze ; la hauteur d’une colonne était de dix-huit coudées. Un fil de douze coudées en aurait fait le tour ; de même pour la seconde colonne.
  • Il fit deux chapiteaux de bronze fondu qu’il posa au sommet des colonnes ; la hauteur d’un chapiteau était de cinq coudées, la hauteur de l’autre était aussi de cinq coudées.
  • Des filets – une décoration en forme de filets – et des entrelacs – une décoration en forme de chaînettes – ornaient les chapiteaux qui coiffaient les colonnes, sept pour un chapiteau et sept pour l’autre. 
  • Il fit aussi des grenades : deux rangées, tout autour, sur chaque filet, pour habiller les chapiteaux, au sommet des colonnes ; ainsi fit-il pour les deux chapiteaux.
  • Les chapiteaux qui coiffaient les colonnes du Vestibule étaient en forme de lis de quatre coudées.
  • Les chapiteaux sur les deux colonnes se trouvaient directement au-dessus du renflement qui dépassait le filet. Les grenades, au nombre de deux cents, étaient disposées en rangées tout autour, sur les deux chapiteaux.
  • Il dressa ces colonnes devant le Vestibule de la Grande Salle. Il dressa la colonne de droite et lui donna le nom de Yakine (ce qui signifie : « Il rend stable ») ; il dressa la colonne de gauche et lui donna le nom de Boaz (ce qui signifie : « En lui la force »).
Champeix, colonne église, BOOT
Champeix, église, chapiteau Eliachin

Autant les chapiteaux semblent anciens, autant les inscriptions paraissent modernes. Peut-être ont elles été ajoutées au XVIIIe siècle pour évoquer le « Saint des Saints », partie centrale du Temple de Jérusalem, qui disparut en 70 ap J.C.

Le Christ avait annoncé la disparition du Temple, et on trouve dans St Jean, 2, 19-22 :

  •  Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
  •  Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
  •  Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
  •  Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Ainsi, le vrai Temple est désormais le Corps du Christ, l’Eglise.

Une hypothèse un peu plus « sulfureuse » serait de rapprocher les inscriptions des mystères de la franc-maçonnerie.

Ornant l’entrée de toutes les loges, les deux colonnes sont les plus anciens symboles de la tradition et de la mythologie des francs-maçons.

 

Très répandue en Auvergne au milieu du XVIIIe, le franc-maçonnerie avait plusieurs loges à Clermont et dans les environs.