Manzat : église Saint-Genès

Manzat, église Notre-Dame

L’église que vous voyez ici est de la fin du XIXe siècle : peu avant 1870, le curé, Michel Mazoir, décida de faire bâtir une église néogothique, à la place de l’ancienne église romane en ruines, et la dédia à l’Assomption de la Vierge. Consacrée par le vicaire général Chardon en 1872, cette église est surmontée d’une statue de la sainte Vierge , vœu du curé à Notre-Dame de Fourvière.

L’église antérieure, romane, du XIe siècle, était consacrée à saint Genès. La cure était à la présentation de l’abbé de Saint-Amable de Riom. Plusieurs visites pastorales, de 1698 à 1784, décrivent l’église, qui avait dès 1698 une large crevasse sous le clocher bâti au dessus de la nef .

Il y avait 5 autels : le maître-autel, celui du Rosaire, de Saint-Jean(décollation de saint Jean-Baptiste), de saint Etienne, de Notre-Dame de pitié.

Deux reliques sont mentionnées : une dent de saint Amable, et une dent de sainte Apollonie.

Manzat, église, autel de Mombur
Manzat, église, autel de Mombur

Le maître-autel est une création de 1895 de Jean-Ossaye Mombur, sculpteur très actif dans le diocèse dans les années 1880. C’est un don du curé d’Orcival, l’abbé Mallet.

Manzat, église, autel de Mombur, détail
Manzat, église, autel de Mombur, détail

Mais ce qui fait l’intérêt de l’église, c’est d’avoir récupéré du mobilier de l’église du monastère chartreux de Port-Sainte-Marie : de splendides boiseries, un retable, deux panneaux, des stalles, et une Piéta. Le mobilier a été disséminé dans plusieurs églises, ou chez des particuliers. Voir l’église de Pontgibaud, et celle de Comps.

Manzat, église, boiseries de la chartreuse de Port-Sainte-Marie
Manzat, église, boiseries de la chartreuse de Port-Sainte-Marie, détail
Manzat, Pieta XVIIIe
Manzat, Pieta XVIIIe
Manzat, Saint Paul, boiserie
Manzat, Saint Paul, boiserie
Manzat, saint Jean, boiserie
Manzat, saint Jean, boiserie

Les boiseries provenant de Port-Sainte-Marie recouvrent les cinq pans coupés du nouveau choeur, jusqu’à 3,35m de haut. Deux panneaux à frontons curvilignes, encadrés de pilastres corinthiens composent les parois du fond. L’entablement orné de rinceaux est sculpté très habilement.

Les pans coupés ont reçu deux grandes stalles, pourvues de dais, et d’un couronnement complexe, à deux étages, avec volutes décorées, rinceaux.. au dessus du siège des bas-reliefs représentent saint Paul avec son épée, , et saint Jean, dans l’île de Patmos, écrivant l’Apocalypse. Tous deux sont surmontés d’ un baldaquin d’étoffe tenu par deux anges

Malheureusement toutes ces boiseries ont été passées au brou de noix très sombre.

La Piéta du XVIIe est assise sur un amas de rochers, tenant la tête de son fils. La composition est inscrite dans un triangle, la symétrie de la composition est soulignée par les marteau et tenailles faisant pendant aux jambes du Christ. Elle devait être peinte et dorée.

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Le chanoine Craplet signale la disparition de plusieurs statues de même facture que celle-ci. De façon surprenante, cette statue du XVIIe siècle malheureusement outrageusement repeinte représente un homme vêtu d’une sorte de cuirasse, avec une jupe plissée s’arrêtant aux genoux, portant des jambières Louis XIV, tenant un livre ouvert et s’appuyant sur une viole de gambe!

Il semble qu’il s’agisse d’un homonyme au saint auvergnat : saint Genès de Rome était un acteur ayant décidé de se moquer des chrétiens lors d’une pièce jouée devant l’empereur. Mais quand il reçut, sur scène, de l’eau sur la tête, sa conversion fut totale. Il fut alors martyrisé, et devint le patron des comédiens.

Manzat, statue saint Genès
Manzat, statue saint Genès